Pionnière dans le recyclage des matériaux composites carbone, Fairmat a franchi une étape majeure avec l’ouverture de sa première usine à Bouguenais, près de Nantes. Son fondateur, Ben Saada, partage les enseignements de cette expérience. Objectif : inspirer les dirigeants qui souhaitent, eux aussi, créer leur première usine… et en particulier dans un territoire industriel aussi dynamique que les Pays de la Loire !
1/ Repenser la notion même de création : et si l’usine existait déjà ?
Créer une usine ne signifie pas nécessairement construire un bâtiment neuf. Fairmat a choisi de réhabiliter un site industriel existant de 3 500 m², une ancienne usine située à Bouguenais. Un choix dicté à la fois par le bon sens écologique, économique et opérationnel.
Nous avons commencé par recycler une usine. C’est cohérent avec la mission de Fairmat qui s’inscrit dans l’économie circulaire.
Le gain est immédiat : pas de permis de construire, des délais réduits, des coûts d’investissement allégés et une intégration facilitée grâce à un réseau local de prestataires déjà en place. Reprendre un bâtiment, c’est aussi hériter d’une culture, de savoir-faire, voire de talents encore présents sur place. Fairmat a pu ainsi s’appuyer sur une vingtaine d’entreprises locales partenaires, sans repartir de zéro.
2/ Penser produit, technologie et site comme un tout indissociable
Contrairement à la logique industrielle traditionnelle qui sépare les étapes (R&D, produit, site), Fairmat a fait le pari de concevoir l’usine comme le cœur même de l’innovation. Le site de Bouguenais est à la fois un centre de production, un laboratoire technologique et un démonstrateur industriel.
Chez nous, la technologie, c’est l’usine. Et l’usine, c’est le produit. On ne développe pas des process dans un centre de recherche externe qu’on réplique ensuite. Tout s’imagine et se construit sur place.
3/ S’adapter au bâtiment plutôt que vouloir l’adapter à soi
En choisissant la réhabilitation plutôt que la construction, Fairmat a dû faire preuve de souplesse et d’ingéniosité. L’usine était divisée en trois zones. L’organisation des flux industriels a été pensée en conséquence. L’aménagement des postes a été réfléchi pour concilier performance, ergonomie et adaptabilité.
On ne fait pas rentrer nos machines au chausse-pied. On pense notre chaîne de production en fonction du lieu.
Ce pragmatisme est aussi une force : il évite les dérives budgétaires, permet de mieux mobiliser les équipes et favorise une montée en puissance progressive, en cohérence avec les réalités du terrain.
4/ Être sur place, au plus près des décisions
Créer une usine, même partiellement existante, reste un projet complexe et d’envergure. Ben Saada en est convaincu : il faut un portage personnel fort. Lui-même a déménagé à Nantes pendant l’année de mise en route de l’usine, pour piloter chaque étape et recruter les bons profils.
J’ai dû prendre de nombreuses décisions techniques et stratégiques. Si je n’avais pas été sur place, je n’aurais pas pu tout suivre.
Autre clé du succès : l’entourage. Fairmat a fait appel à des profils industriels expérimentés (directeurs de site, ingénieurs maintenance, responsables techniques) et à quelques consultants externes très pointus dans les composites. Le bassin industriel des Pays de la Loire a permis à l’entreprise de recruter localement une grande partie des équipes, avec une quarantaine de personnes présentes sur le site aujourd’hui.
5/ S’appuyer sur les écosystèmes régionaux
L’implantation à Bouguenais n’était pas écrite d’avance. Mais le site, la dynamique locale et la réactivité des services de la Région des Pays de la Loire ont fait la différence.
Ce qui m’a convaincu, c’est la capacité des acteurs locaux à agir concrètement et rapidement. De la préfecture à la DREAL, en passant par Solutions&co, tout le monde a joué collectif.
Le résultat : une intégration fluide, des démarches administratives accélérées et une mise en service de l’usine dans un délai record. Pour Ben Saada, il est essentiel de choisir un territoire aligné avec les valeurs et les besoins de l’entreprise, mais aussi prêt à s’impliquer activement dans le projet.
Le conseil en plus : voir l’usine comme un projet vivant !
Plus d’un an après l’ouverture, l’usine de Fairmat est en transformation permanente. L’entreprise prévoit de réaménager ses flux industriels dès cet été pour gagner en efficacité, tout en poursuivant les investissements. La prochaine étape : créer une boucle de recyclage fermée, dans laquelle les produits intégrant les matériaux Fairmat reviendront à l’usine en fin de vie pour être retraités. Ce programme, baptisé Infinity Recycling, ambitionne de créer la première boucle de circularité totale d’ici 2027.
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