Stratégie de relocalisation, des réponses locales pour une évolution globale

#Relocalisation

La crise sanitaire a sévèrement souligné des faiblesses dans les filières de production française. Produire en France, notamment pour gagner en indépendance vis-à-vis des marchés mondiaux, apparaît aujourd’hui comme un besoin essentiel. En Pays de la Loire, où elle est déjà effective, la relocalisation dispose de quelques longueurs d’avance, dans différents secteurs.

La relocalisation : des atouts stratégiques, économiques, sociétaux et environnementaux

La crise du Covid-19 fait ressortir les aspects négatifs de la mondialisation et plaide pour le rapatriement de nos usines. Mais selon El Mouhoub Mouhoud, Professeur d’Économie à l’Université Paris-Dauphine, « la relocalisation ne se décrète pas » et « une incitation par les aides publiques financières » est insuffisante. Pour être économiquement viable, cette solution est à concevoir sur le long terme, « par l’innovation dans les filières industrielles », en maîtrisant les coûts de production. La relocalisation, qui doit continuer d’être justifiée par des raisons économiques, est confortée par d’autres atouts convaincants, particulièrement dans certains secteurs fortement représentés en Pays de la Loire :

  •  Indépendance dans des secteurs stratégiques et/ou vitaux comme la santé, l’énergie, l’alimentation, les données numériques, l’IA ;
  • Garantie d’une meilleure traçabilité et sécurisation sanitaire, primordiale pour l’agro-alimentaire ;
  • Sécurisation de la chaîne d’approvisionnement, notamment dans le secteur de l’électronique ;
  • Meilleur respect de l’environnement et de démarches RSE, notamment pour la mode (cuir, textile, maroquinerie) ;
  • Délais de livraison réduits, réactivité optimisée pour répondre à la demande ;
  • Dynamique du tissu industriel local ;
  • Réduction des transports pour l’ensemble des filières.

Pour les industriels engagés dans la transition énergétique et dans une démarche qualité, la relocalisation apparaît comme un axe prioritaire.

Des secteurs déjà en marche vers la relocalisation

Devançant de brusques envies de relocaliser, on peut constater que la relocalisation existe déjà, dans le respect de la logique économique, et qu’elle va se poursuivre dans les secteurs déjà concernés.

Des relocalisations sont partiellement opérées par de grandes firmes d’un secteur stratégique comme la pharmacie, associées à des subventions pour parer aux différentiels de coûts. Le surcoût éventuel de la fabrication est aussi compensé par des économies sur l’approvisionnement, aujourd’hui importée à 80 % de Chine et de l’Inde.

Des relocalisations sont en cours dans « des secteurs manufacturiers de biens solides comme l’automobile, la mécanique » (et plus largement le secteur de la mobilité) où la robotisation lisse les coûts salariaux et où les transports de produits lourds peuvent s’avérer coûteux. Les industriels et équipementiers tels que Scania ou Bellier illustrent cette tendance en Pays de la Loire. Des choix similaires sont faits par des fabricants-menuisiers, des aluminiers ou fabricants de cycles comme MFC, Nakamura. Des lignes d’assemblage et/ou de finition, après avoir été délocalisées en Chine, reviennent en Vendée.

La sécurité sanitaire, l’accès à des circuits courts, et maintenant la nécessité d’acquérir davantage d’indépendance, ont justifié l’implantation d’entreprises de l’agroalimentaire en Pays de la Loire.

Le haut de gamme, le luxe, la mode re-conjuguent le savoir-faire français et une meilleure gestion RSE en redynamisant les ateliers nationaux, comme autour de Cholet. La relocalisation sécurise aussi la production de ces filières en rendant plus difficiles les contrefaçons.

Made in France et soutien local

Pour toute réimplantation sur le sol national, il s’agit d’éviter le simple parachutage par opportunités financières. Certes, les aides nationales et régionales comptent. Mais les relocalisations s’appuient surtout sur la présence d’un tissu local de fournisseurs, sous-traitants, partenaires… Si toute la chaîne de valeur ajoutée, d’approvisionnement est sur le territoire visé, tant mieux ! 

C’est par exemple le cas pour l’aéronautique sur Nantes – Saint-Nazaire, l’industrie électronique à Angers, l’agro-alimentaire en Mayenne, la filière nautique en Vendée… Sur ces territoires, les réseaux agissent efficacement et facilitent l’installation des entreprises. L’accès à ces réseaux est rendu plus aisé grâce à la présence de 4 technopoles et 6 technocampus, 9 pôles de compétitivité et de nombreux clusters. Ils regroupent les entreprises, la R&D mais aussi les compétences, le savoir-faire et une main d’œuvre motivée !

Plusieurs autres spécificités rendent ces territoires attractifs : le coût raisonnable de l’immobilier d’entreprise, des transports performants et last but not least, la qualité de vie ! A cela s’ajoutent les avantages, contacts et aides que les responsables de Solutions&co réunissent pour chaque projet de relocalisation !

Pendant la crise, ils ont relocalisé ou développé une production en Pays de la Loire
Illustrant une belle réactivité et des savoir-faire industriels, des entreprises des Pays de la Loire se sont mobilisées pour faire face à la crise du Covid-19. Près d’Angers, la société Kolmi-Hopen s’est réorganisée pour produire des masques 24h/24. Sur le même territoire, Cointreau et Giffard se sont convertis à la fabrication gel hydro-alcoolique. Des ateliers de prêt-à-porter de luxe, implantés en Mayenne et en Vendée, ont fabriqué des masques. La société les Mouettes Vertes, après avoir travaillé en Asie, a implanté un atelier de confection à Laval, le 4 mai. Cette installation, initiée quelques semaines auparavant, a été accélérée pour réaliser des masques, avant de retrouver son cœur de métier.
À Nantes, le groupe Armor et le CHU ont conçu et produit des visières de protection lavables. La Savonnerie de l’Atlantique a accru sa production. Un collectif d’entrepreneurs, d’ingénieurs de la plasturgie, du numérique et de la santé, « Makers for Life », a travaillé nuit et jour à la conception d’un respirateur, produit en France, à faible coût.
Le site de production boulangère de Harry’s, en Vendée, a augmenté sa production de 25%.
Ces exemples démontrent à la fois la pérennité, la solidarité et l’agilité des entreprises présentes. 


Le Made in France séduit les consommateurs et les acheteurs



52% des français consomment plus de produits locaux, 44% plus de produits Made in France qu’il y a 3 ans.

Les principaux secteurs concernés figurent en bonne place dans les Pays de la Loire : la santé, l’énergie, le textile, l’agroalimentaire (Sondage Cetelem, Harris Interactive)


En B2B, l’achat local est pour 53% des acheteurs un critère d’attribution. Dans l’hôtellerie et la restauration, ce chiffre atteint 78% (Etude Agile Buyer et Conseil National des Achats)

53% des fabricants d’électronique souhaitent davantage se fournir en France pour éviter d’éventuelles pénuries.